Mehdi Hazgui : L’apprentissage accéléré de l’autonomie : se sentir plus grand et plus responsable grâce au projet, en développant des facultés d’adaptation
L’apprentissage accéléré de l’autonomie : se sentir plus grand et plus responsable grâce au projet, en développant des facultés d’adaptation
Mehdi Hazgui est sociologue-consultant. Il accompagne le projet COW Boys & Girls depuis son lancement en se concentrant sur l’expérience vécue par les élèves des deux établissements. Après deux années d’échanges et d’observations avec les élèves sous forme d’ateliers d’évaluation, mais en relation avec les équipes pédagogiques et certains parents d’élèves, il livre le fruit de ses travaux à travers cinq points de réflexion pour répondre à la double question suivante : quels apprentissages les élèves ont-ils acquis à travers le projet, et quels sont ses impacts sur leur expérience d’élève ?
Pour les élèves, et notamment pour les collégiens français, la plus-value principale qu’ils expriment quant à cette expérience réside dans l’autonomie qu’ils y ont acquis, qu’ils définissent comme le fait de faire les choses tout seul, sans qu’on leur demande. Ce sentiment d’être « plus grand » par le biais du projet s’applique autant pour leur vie scolaire que pour leur vie privée, ce qu’évoquent également les enseignants français. Leurs élèves sont ainsi passés d’un état de « spectateur » parfois passif à celui d’acteur qui prend des initiatives, que ce soit dans le contexte du cours ou de la vie de classe. Le cadre plus souple du voyage au Portugal, dans la vie quotidienne où ils gèrent eux-mêmes le rangement des chambres ou se responsabilisent dans les activités de création artistique, va dans le participe à la même dynamique. Comment s’exprime ce chemin vers l’autonomie selon les élèves ? Avant tout par le sentiment d’une plus grande maturité personnelle à la fin du projet, qui leur permet de s’affirmer comme davantage responsables aujourd’hui, mieux organisés dans leur vie scolaire comme privée, voire pour certains plus « sages ». Ce sentiment d’avoir grandi en tant que personne et d’être davantage capable désormais de prendre soi-même des initiatives s’articule avec une faculté d’adaptation plus importante après deux années de projet. Cette qualité chère à tous les membres du groupe qui a inspiré la création artistique finale semble s’être diffusée dans les comportements des jeunes. Ceux-là se disent plus en mesure de s’adapter aux situations qu’ils rencontrent dans leur vie, de se débrouiller seul dans les situations quotidiennes ou imprévues : faire ses devoirs sans les parents, aller voir un professeur pour changer l’horaire d’un cours, mais aussi se faire à manger tout seul ou régler un problème soi-même. Certains élèves font le lien avec le contenu du projet : leur sens de la créativité développé par l’angle artistique a des impacts sur leur vie en général, ou ils doivent parfois inventer une solution ou improviser face à un imprévu.